Aujourd’hui nous allons parler de la reine du grenier des grands-parents et des vides greniers : la Mega Drive ! Prêts à replonger dans le passé avec nous, alors, c’est parti !
I/ C’est dur d’être le plus petit de la famille !
Ah, la Mega Drive ! Ou Genesis d’ailleurs aux USA… cette console éditée par Sega, empreinte de nostalgie et qui, a une époque, ornait fièrement les salons de millions de foyers dans le monde ! En effet, avant d’être la console oubliée que l’on ressortait lors d’un séjour pluvieux à la maison familiale, elle a eu une existence bien remplie, ce qui explique qu’aujourd’hui encore il n’est pas rare d’en retrouver sur le marché d’occasion à des prix tout à fait abordables.
Cette console est sortie le 29 octobre 1988 au Japon, avant d’être vendue à partir du 14 août 1989 en Amérique du Nord et du 30 novembre 1990 en Europe. A sa sortie, le défi de Sega est de taille : concurrencer Nintendo, déjà installé bien confortablement sur le marché avec la NES. La petite dernière de Sega tente donc de s’implanter comme une véritable avancée technologique, avec ses 16 bits, face à sa concurrente, la NES dotée de seulement 8 bits.
Mais Nintendo possède des licences fortes telles que Mario, Metroid ou Zelda, inventées par le prolifique et créatif Shigeru Miyamoto. Le challenge est de taille, mais rien ne semble impossible pour Sega, à l’époque, qui a plus d’un tour dans son sac…
II/ Les copains à la rescousse !
Pour s’immiscer sur ce marché, Sega doit taper fort, très fort, et pas seulement du point de vue technique. Il faut se différencier et créer sa propre identité. La première victime de ce changement va être la mascotte historique de SEGA : exit Alex Kidd sortie en 1986. Le personnage jusque là emblématique de SEGA ne fera durant son existence qu’un petit tour sur la Mega Drive en 1989 dans le Alex Kidd in the Enchanted Castle, avant dernier opus avant Alex Kidd in Shinobi World qui sortira sur Master System en1990, mettant fin à la licence.
C’est une nouvelle créature toute bleue ( non, pas un schtroumpf…) rapide ( non, pas bipbip!…) et pleine de piquants ( non, ce n’est pas non plus la Meth de Walter White… Mais suivez un peu bon sang!) qui fera son apparition sur les téléviseurs des gamers du monde: Sonic ( vous ne l’aviez pas hein? Ah, si…. Au temps pour moi.)
Sonic, présente quelques similitudes avec son principal concurrent à l’image de ces anneaux qu’il amasse comme les pièces de Mario, ou du code couleur des personnages, rappelant la tenue de la mascotte de Nintendo ( baskets rouges et fourrure bleues pour l’un, salopette bleue et pull rouge pour l’autre.). Cependant, c’est le personnage idéal pour SEGA, qui s’oppose paradoxalement malgré ses ressemblances à l’image du petit Plombier sauteur avide de champignons, de glissades dans des tuyaux douteux et massacreur de tortues. Le hérisson est nerveux, rapide, les niveaux s’enchaînent à une vitesse ahurissante, créant un effet dynamique assez innovant pour l’époque. Il ne tardera pas à s’implanter et Sonic the Hedgehog sorti en 1991 restera le jeu le plus vendu de la Mega Drive avec environ 15 millions de copies écoulées ! Pas mal pour un hérisson.
Malheureusement, cela causa la perte d’un bon nombre de ses semblables, les hérissons de nos campagnes se multipliant sur les routes pour imiter leur idole bleutée… Noooon, ce n’est pas une fake news. Faites vos recherches…
Mais la Mega Drive, ce n’est pas que Sonic.
La Console se dote également de licences originales, tel que Ecco the dolphin, qui fait office un peu d’OVNI dans le monde des jeux videos : on y suit les aventures sous marine d’un dauphin qui cherche à sauver son lagon au travers d’énigmes et de pérégrinations teintées de science fiction, le tout dans un jeu tout en finesse.
III/ Fatality !
Mais ce n’est pas seulement au travers de sa technologie et de ses licences que la console veut se différencier. Elle semble également chercher à conquérir un public plus mature, visant à éloigner l’idée que les jeux vidéos ne sont destinés qu’aux enfants. Sonic, déjà, avait une attitude plus rebelle que le tranquille Mario. Mais on peut surtout évoquer à ce sujet l’exemple du traitement différent du jeu Mortal Kombat par Sega et Nintendo.
Mortal Kombat fait partie de ces titres incontournables qui ont marqué un tournant dans l’histoire des jeux vidéos. Sorti en 1992, il va être l’un des éléments déclencheurs de notre système de classification des jeux video actuels, le PEGI. En effet, la violence contenue dans ce titre va conduire le congrès américain à se pencher sur la question. La violence du jeu choque, notamment par ses célèbres Fatality. Cela va aboutir à la naissance en 1994 du système de classification de jeux ESRB aux USA. D’autres pays mettrons en place leur propre échelle d’évaluation des jeux. Les plus anciens d’entre nous se rappelleront par exemple du système mis en place par le SELL ( syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs) en France en 1999. Ce dernier sera remplacé comme les autres systèmes nationaux en Europe par la notation PEGI, apparue en 2003 et toujours active à ce jour.
En un sens, on peut dire que cela a changé la perception des jeux vidéos en occident: comme les films, ils sont maintenant catégorisés selon un public, ce qui contribue à légitimer le fait que les jeux vidéos ne sont plus seulement pour les enfants, puisqu’on invente des catégories pour justement différencier les jeux pour enfants de ceux visant un public plus mûr. Sega le comprend bien d’ailleurs, et obtient un avertissement pour joueur mature sur sa version de Mortal Kombat très légèrement censurée. ( le sang avait été retiré… mais un simple code sur l’écran d’accueil saisie à l’aide de la manette suffisait à faire apparaître un mode « sang » ôtant la censure.) Nintendo s’avère plus prudent : la première version est censurée et le sang est remplacé par une sorte de matière grise sur SNES.
Cette petite différence est un coup de pub pour la console de SEGA. Elle confirme sa place de console mature face à Nintendo, plus soucieuse de son image, qui n’ose pas encore franchir ce pas. Même au niveau de sa communication publicitaire, elle se positionne sur un public plus adulte: certaines de ses campagnes de pub, très ambiguës et connotées, devaient donner des sueurs froides aux plus conservateurs.
IV./ Money Money Money!
Sega cependant est un éditeur très gourmand. La firme veut donner à sa console une image de console évolutive, à la pointe de la technologie, moyennant des extensions onéreuses à rajouter pour toujours améliorer ( un peu ) plus la console. Les plus connues d’entre elles sont le Master System Converter , le Mega cd et le 32X sortie fin 1994.
Le Master System Converter (aussi appelé Power Base Converter) présentait l’intérêt de permettre la rétrocompatibilité de la Mega Drive avec la console précédente de Sega, la Master System. Une version 2 de cet accessoire est sortie en Europe après la sortie de la Mega Drive 2, la première édition étant incompatible avec la nouvelle version de la console. Le Master System Converter 2 s’adaptera ainsi aux deux consoles, et s’il garde la possibilité de lire les cartouches de la Master System, les quelques titres au format cartes ne pourront plus être lus, le port card disparaissant de la nouvelle version.
Moins connu, le Megamodem est un accessoire futuriste pour l’époque. En 1990, Sega édite en effet un modem qui permettait de se connecter au Sega Meganet afin de jouer en ligne avec d’autres joueurs, moyennant un abonnement mensuel. Il fallait pour l’utiliser se servir d’une cartouche spéciale fournie avec. On pouvait dès lors télécharger les jeux directement en ligne et se lancer dans des parties online. Il fallait également prendre son mal en patience, le temps de connexion et de téléchargement des dits jeux pouvant être un peu longs.
Cet accessoire n’est sorti qu’au Japon, et c »est une révolution pour l’époque, où les consoles offrant un accès en ligne étaient loin d’être monnaie courante !
Le Mega-CD, quand à lui, sortira en 1991. Ce dispositif s’ajoutait également à la console et permettait de jouer à des jeux sur support CD-ROM censés être de ce fait de meilleurs qualités. Mais peu de jeux seront au final développés à la sortie de cet accessoire, et même après, la qualité des jeux sur Mega-CD ne restait pas assez marquante par rapport à ceux sur cartouche, surtout si on prenait en compte le coût considérable à l’époque (comptez environ 300$) du Mega-CD. Ce sera donc un succès pour le moins mitigé pour ce dernier. Pourtant, à l’époque où le jeux sur cartouche dominaient, c’était une véritable avancée et une vision futuriste. Peu de constructeurs avaient lancé des jeux sur support CD-ROM, et le pari de SEGA, osé, aurait pu s’avérer payant. D’ailleurs, Nintendo aussi étudie au même moment la possibilité d’éditer des jeux sur ce support. Mais finalement, la firme japonaise arrête le développement de cette idée en collaboration avec un autre marque bien connue, ne croyant pas aux versions cd… Bien dommage, au final, car leur collaborateur, un certain SONY, va continuer de son côté à étudier cette possibilité sans Nintendo… et cela donnera naissance à un de ses principaux concurrents dans le futur… la Playstation.
Pour finir, Sega sortira le 32X. Cet accessoire aura pour but de pousser les performances de la console pour avoir un rendu en 32bits. Cela permettait d’améliorer la qualité des jeux et l’effet 3D sur la console.
Une sorte de transition avant la sortie de la prochaine console de Sega, la Saturn. Vendu aux environ de 150$, cette extension peine à trouver son public. Et pour cause, l’accessoire sortira en fin d’année 1994… en même temps que la Saturn.
V./ Des Mega Drive, quand y’en a plus, y’en a encore ! (Les variantes de la console):
La première variante à laquelle on pense lorsqu’on parle des variantes de la Mega Drive, c’est, bien sûr, la Mega Drive 2. En novembre 1990, Nintendo lance sa Super Nes au Japon. Elle sortira aux USA en 1991 et en Europe en 1992. Il ne faut pas que la Mega Drive, sortie quelques années plus tôt, paraisse désuète. Sega contre-attaque donc avec une nouvelle version de sa console phare du moment. La Mega Drive 2, sortie en 1993.
Cette console ne présente cependant que peu de différences avec sa première version, si ce n’est d’un point de vue esthétique. Elle est plus compacte, plus légère, plus épurée, mais elle ne permet aucune amélioration technique. C’est juste une version redessinée. Elle sera bientôt supplantée par la nouvelle console de Sega, la Saturn, et cette version marquera donc la fin de l’âge d’or de la Mega Drive.
Cependant, bien qu’elle soit en fin de vie, la console a encore eu droit à une autre version. La Genesis 3 sera éditée par Majesco en 1998 sous couvert du géant Sega uniquement sur le marché américain. Console à bas prix, environ 30$, elle permettra de jouer à la majorité des jeux Mega Drive. Cependant, la console sera de format réduit, et il ne sera pas possible d’adapter dessus les accessoires tel que le 32X ou le Mega-CD. Il existe également des versions plus marginales de la Mega Drive, éditée ou non avec l’accord de SEGA, mais il s’agit le plus souvent de simples « émulateurs » de jeux pour tenter de surfer sur la nostalgie de cette console.
Mais la Mega Drive a aussi eu droit à sa version portable : la Genesis Nomad sortie en 1995 aux USA. C’était une console véritablement visionnaire : elle était compatible avec les jeux de sa grande sœur, la Mega Drive, et elle possédait la possibilité d’être connectée à un téléviseur pour devenir une console de salon… comme le fera la Switch bien des années plus tard ! Et pour couronner le tout, elle était doté d’un écran couleur, comme la Lynx d’Atari et la Game Gear. Souvenez-vous, à l’époque, en console portable, sa principale concurrente était la Gameboy, avec son écran monochrome, la version couleur de cette console n’arrivant que bien plus tard, en 1998.
Mais cette console souffrait de défauts qui se sont avérés rédhibitoires et en ont fait un échec cuisant pour Sega. Les caractéristiques techniques de la console la rendent gourmande, et l’autonomie de la batterie ou des piles s’avère insuffisante. Il faut la connecter sur secteur pour véritablement pouvoir y jouer. Et elle est lourde, très lourde. 450 grammes, auxquels il faut rajouter les piles et la cartouche de jeux. Le tout pour 180 dollars, bien plus chère qu’une Gameboy, qui, certes, n’avait pas toute ses caractéristiques techniques, mais s’avérait au final moins coûteuse, moins énergivore et plus compacte.
A noter qu’il existe aussi d’autres versions portables de la Mega Drive, moins connues et beaucoup plus rares. On peut citer, par exemple, le Multimega, sortie en 1994 aux Etats-Unis et en Europe, qui est une console qui réunit une Mega Drive et un Mega-cd. Alors oui, cet hybride étrange nécessitait un téléviseur pour la partie console. On ne peut donc pas à proprement parler dire d’elle qu’elle est une console portable. Cependant, vous pouviez également le mettre dans une (immense) poche et vous en servir comme d’un baladeur CD ! Cette version reste assez rare : vendue 399$ à l’époque, elle s’est peu écoulée sur le marché.
Petite anecdote, Sega avait également développée en 1992 une Mega Drive spécialement pour les premières classes et les classes business des vols internationaux de la compagnie Japan Airlines. Les écrans des avions étaient équipés avec la console qui avait un petit panel de quatre jeux pré-chargés. Mais il était possible de connecter une manette supplémentaire et même de venir avec ses propres cartouches pour ne pas voir le temps passer lors de votre vol.
Sega en sortira quelques exemplaires sur le sol Japonais deux ans plus tard, sous le nom de Mega Jet. Mais cette console reste rarissime.
On peut donc en conclure que SEGA, c’est plus fort que toi… mais pas plus fort que Nintendo et Playstation…
VI./Le baroud d’honneur
La Mega Drive va passer de mode, et petit à petit, elle sera remplacée sur les étagères des salons du monde entier par des Nintendo et autre Playstation, jusqu’à arriver à l’arrêt des consoles par SEGA, avec l’échec de la Dreamcast. Pourtant, la Mega Drive fait partie de ces consoles à la saveur particulière. Tout comme le jingle de la première Playstation fait frissonner le joueur, appuyer sur le bouton de cette vieille console pour les trente-quarantenaire, c’est se replonger dans une enfance où les hérissons allaient plus vite que les Ferraris, les Fizzi Pazzy pétillaient sur la langue et un code secret permettait de désactiver un mode sang, aujourd’hui omniprésent sur nos consoles modernes.
Un petit air de nostalgie qui a conduit SEGA à ressortir des versions mini de sa console en 2019 et 2022, pour notre plus grand plaisir, et pour nous permettre, quelques minutes, de partager avec nos enfants ces souvenirs de nos jeux videos d’époque… avant qu’ils nous envoient balader devant les graphismes pourris de nos consoles 16bits, le son grésillant, et ne retourne sur leurs PS5 / Xbox / PC en disant : « plus jamais ça Maman !»
Mais ça, c’est une autre histoire… ( et pas de Fizzy Pazzy pour eux pour Halloween ! Bande de morveux!)